Baby Crash | Explorations #1#2

Charles Robinson et Sandrine Maisonneuve se sont rencontrés à la faveur du labo Liaisons dangereuses (sep 21).
Leur session d’expérimentation a été tellement riche que les voilà de retour – deuxième session – pour explorer et développer de nouvelles perspectives d‘écriture ensemble.

La libération par l’écoute dans les états intermédiaires
Voilà comment on traduit en français Bardo Thödol.

Premier état intermédiaire
Labo Liaisons dangereuses.
En septembre 2021, autour d’interrogations sur la forme et l’intensité de la performance littéraire, nous avions fomenté quelques rencontres travailleuses et complices. Des artistes de différentes disciplines (création sonore, vidéo, théâtre, acting, etc.) étaient venus, en turbulence, percuter, amplifier et pousser le romancier Charles Robinson, en quête de présence au plateau.

Formidable expérience, rare car difficile à concrétiser en production du fait de sa dimension de pure recherche : à la frontière entre expérimentations, éléments de formation, regard extérieurs, partages d’expériences, conversations entre artistes.
Un labo où se réunissent des personnalités curieuses autour d’une même préoccupation : rendre vital dans l’instant du plateau un texte a priori destiné à la page d’un livre.

La rencontre avec la chorégraphe Sandrine Maisonneuve avait été particulièrement joyeuse et productive, mais surtout, avait donné jour à une intuition : ces deux corps – Maisonneuve / Robinson –, et leurs énergies et sensibilités, ont quelque chose à se raconter sur un plateau.

Deuxième état intermédiaire
Travailler ensemble or not travailler ensemble ?
Le Vent des Signes avait proposé un rebond, en guise de test : prendre quelques jours de bonus pour explorer librement cette intuition, et voir si oui ou non il y a matière à créer à deux.

Y a-t-il ou pas des matières et des préoccupations communes ?
Les écritures distinctes trouvent-elles des voix qui se répondent ?

Après ces quelques jours, en janvier 2022, nous répondions : oui.

Troisième état intermédiaire
Semaine d’Exploration.
C’est un état de corps qui nous guide depuis le début, comme un canoë, lequel à coups de pagaie change de courants, de récifs, d’écueils et de périls. Une pulse. L’écoute d’un rythme intérieur, manifesté par une ondulation continue.
Au bout d’une semaine d’Exploration complémentaire, le canoë nous mène (temporairement ?) jusqu’à une étrange plage. Une Copacabana sous la cendre.

Nous pourrions à ce point le raconter comme suit.
Malgré la laideur peinturlurée et l’arrogant triomphe de la bêtise, malgré l’harassement des corps et des êtres, malgré la pollution ou l’épuisement des ressources, malgré la sensation très nette de vacuité, dans une conscience inconsciente la fête se poursuit. Une étrange fête, pailletée et glauque, un peu stupide, un peu sinistre, un peu démente, ou décervelée.

La fête a lieu sur des barges à la dérive dans un océan de plomb. Sur la plage, deux humains-plancton ont échoué. Sabordés de la fête, épuisés, saturés, dégoûtés, démobilisés, décharnés, et désireux d’y retourner. Ils ne savent plus comment s’y prendre. La chique est coupée. Les maillots de bain sont trempés. L’eau est glaciale.
Alors : rituel d’intoxiqués, retour aux fonctions archaïques, pulsation primitive et hantise de monstres télévisés. Au commencement régnait la peur, la maladie et le chaos.
Les hommes ont ajouté la dérision.

La pièce à venir pourrait s’appeler : Baby Crash. Un duo de 45 minutes, pour une chorégraphe et un écrivain.

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