Labo écriture & enregistrement
Ensemble se réconforter. Ensemble agir au lieu de subir. Ensemble créer.
Chères et chers étudiant.e.s,
Chacune, chacun en désir.
En ces temps d’inévitable isolement les uns des autres, je vous propose un labo d’Écriture & Enregistrement. Une mise en chantier de vos écritures à travers mes retours, observations, questions, pistes à explorer-creuser suivis de la remise en chantier de vos écritures. Un aller-retour dynamique entre votre travail et ma lecture attentionnée de vos écrits.
Désir de vous entendre au plus près.
Désir de vous accompagner plus loin – au plus proche de l’essence même de votre écriture. Plus à l’os. Plus à l’os de votre écriture.
Vous proposer de qualifier « toujours plus près » votre dire – batailler, bagarrer avec les mots jusqu’à reconnaître le mot ; vous reconnaître dans la chair-dire du mot. Dans votre intime invisible advenu au jour. En train de. Toujours.
Dans la joie de l’exigence – de la non complaisance.
Dans la joie du travail sans relâche… je veux dire sans se satisfaire avant de n’avoir marché, écrit, saigné jusqu’à l’os du dire.
Tendre joyeux furieux énergique un et ensemble vers l’os du dire de sa langue et de sa chair ; de sa langue-chair.
On sait combien l’os est vivant. Combien il n’est pas matière morte, inerte. Il n’est de se souvenir combien il se rappelle à nous à hurler quand on se casse une jambe, un bras ou une côte. Il n’est de saliver combien la viande près de l’os a un goût des plus soyeux, titille nos capteurs les plus sensuels.
Extraits
J’ai l’impression, qu’il me faudrait une fête, immense. Fatigante.
Il me faudrait m’user un peu. M ’amuser.
Me fatiguer tout le corps comme retourner une terre pour l’aérer.
Gautier Hertzler
J’ai cherché ce qui me manquait.
Et je ne l’ai pas trouvé.
Ce je ne sais quoi qui me manquait.
Ce je ne sais quoi qu’on fait semblant de ne pas savoir, qu’on fait semblant que ça n’existe pas, qu’on fait semblant que ce n’est pas important, qu’on garde masqué depuis si longtemps qu’on finit par ne plus savoir ce que c’est.
Alors je me suis mise à le chercher. J’ai tout soulevé pour le trouver : les rayures blanches des passages pour piéton, le store blanc des restaurants, le blanc des bancs vides, le blanc des yeux méfiants, le blanc des rayons PQ, le blanc rouge des couvre-feu, le blanc vert des pigeons gris, le blanc de ma faculté et le noir du black Friday, le blanc gris de la poussière que nos vieux ont accumulée.
J’ai cherché ce qui me manquait.
Et je ne l’ai pas trouvé.
Mathilde Meert
Mon oasis est un chemin qui ne va nulle part
mais me conduit à toi.
Continuer la marche.
Croiser / ne pas croiser. Parler / ne pas parler.
Demander son chemin / ne pas demander son chemin.
Continuer la route.
Arpenter les dédales humains.
Danser / ne pas danser. Courir / ne pas courir. S’arrêter / ne pas s’arrêter.
Continuer.
Te sourire / ne pas te.
Non.
Sourire.
Toujours.
Gautier Hertzler
Et tu penses à ceux du dehors, au temps du dehors, au temps de ceux du dehors, au temps de ceux du dehors l’oasis, là-bas, dans les dunes.
Comment font-ils, ceux-là, dans les dunes ?
Comment font-ils, ceux-là, dans les dunes, pour tenir le coup ?
Dehors, le vent des fous.
Des bourrasques, des ouragans apocalyptiques, la désolation, le vide, le plein, le trop plein, le vide.
Retourner dehors
Te remettre en marche
Déserter l’oasis.
Laurie Gaucher
Anne Lefèvre écriture et mise en lecture
Matthieu Guillin enregistrements
Catherine Phet assistanat
Laurie Gaucher, Manon Gineste, Laura Giordanengo, Gautier Hertzler, Mathilde Meert, Célia Poux, Rémi Roig étudiants – auteurs
Production Le Vent des Signes
Soutiens Ville de Toulouse, DRAC/AFA, CD31
En attente réponse éOle