Territoires d’Outre-Vie | Ligne directe

Pierre Tilman est un merveilleux poète buissonnier. Tendre,  furieux, passionné. Cerveau à mille à l’heure, œil en malice.  Dopé à la rencontre.

Loran Chourrau et Anne Lefèvre ont eu à cœur d’engager  la captation de minutes d’entretien de Pierre avec son père, parti il y a plusieurs années, et des gens qui ne sont (plus) là mais qui sont (toujours) là, au présent, au téléphone, en direct.

« J’ai vécu la même époque qu’eux, au même âge presque », Pierre a dit. « J’étais dans la même histoire. C’est un truc que tu as rarement dans ta vie, être en même que ce qui se passe. Comme Godard, Antonioni, Cassavetes, on allait au cinéma et on se demandait : qu’est-ce que ça va être, cette fois ? On vivait ce qui est devenu l’histoire du cinéma en direct. Et je crois que je suis un peu resté avec tous ces gens-là. Je suis entouré par des gens qui ne sont plus là. Mais je n’ai aucune nostalgie.

Le passé j’en fais du présent. Je suis complètement dans le présent. C’est la seule chose qui me concerne. J’ai pas de projet d’avenir et le passé ne me regarde pas tant que ça. La culture m’importe mais au présent. Baudelaire il m’intéresse au présent, à son époque je m’en fous, je lis des bios et je me dis Baudelaire il est, pas il était ». Je regardais Pierre. C’est vrai qu’il me paraissait, depuis l’heure que je le rencontrais, profondément au présent.«  Milène Tournier
Territoires d’Outre-Vie | Récits de rencontres

Peut-être que les gens qui défilent devant moi effectuent une grande boucle, derrière mon dos, tournent dans un grand cercle pour repasser encore une fois devant moi. Ils font comme s’ils étaient nouveaux, super intéressants. « Vous avez remarqué que maintenant les tomates rouges sont de toutes les couleurs ? Les gros raisins sont super brillants. Les fromages de chèvre super blancs ».
Et les euros passent de main en main.
Pierre Tilman, Le marché du mercredi