Take Care
quelques mots de Thomas Boussou
LE CARE OU NOS VULNÉRABILITÉS INDISPENSABLES
Où il y a vulnérabilité, il y a care. Je fais le choix de mener un travail qui s’inspire de la réalité, souvent âpre, qui mène vers l’espoir. Dans ma première création Et les lions gueulent la mort ouverte je traitais des schémas sociaux et identitaires.
Le théâtre est un espace où l’on peut faire entendre et voir les défauts, les irrégularités de nos humanités. C’est à travers la vulnérabilité que je choisis d’envisager nos liens d’humanité. C’est à partir de la vulnérabilité que le thème de cette prochaine création m’est apparu. La vulnérabilité comme une continuité. Le care comme prendre soin. Cela désigne la possibilité d’une activité. C’est plus que le soin.
Quand on dit care on dit à la fois les questions de soin au sens médical avec la possibilité de la guérison, et aussi tout ce qui relève de la sphère relationnelle, d’une attention aux autres, la sollicitude, le souci de l’autre, le souci des autres.
Et c’est aussi la question des activités de care, revenues sur le devant de la scène avec la pandémie, avec les aides soignant.e.s, les infirmier.e.s, les médecins, les femmes de ménages, les caissier.e.s… Ce sont tou.te.s celleux qui prennent soin de notre quotidien. Ce n’est plus seulement la question des autres, de solidarité, de partage, c’est aussi la question du souci du monde, de la manière dont on l’habite.
Aujourd’hui il y a une crainte de la vulnérabilité, il y a une défiance vis à vis du care. Le soin à l’autre matérialise nos interdépendances, il serait donc le symbole de l’impossibilité d’être sans l’autre, dans des temps où le self-made et l’individuel dominent nos fonctionnements et nos échelles de valeurs. Ne pas avoir besoin des autres serait la représentation d’une force et d’une liberté. Pourtant… Avec ce projet, je choisis d’emmener toute une équipe au plus près de cette notion de care. Je souhaite que nos corps s’imprègnent de ces espaces, de ces paroles, et que nous arrivions à tisser la toile de ces interdépendances.
Mon travail n’est pas un théâtre documentaire mais un théâtre au sens spectaculaire qui doit se détacher de la réalité. Je tente ici une nouvelle approche : partir d’une matière d’une année de recherches pour en faire un matériau nouveau, modulable, imaginaire et poétique.
Écriture et mise en scène Thomas Bouyou
Dramaturgie et collaboration artistique Pauline Rousseau / Alexis Anne-Braun
Avec Claire Besuelle, Lucas Bouissou, Mélanie Charvy, Émilie Crubezy, Charles Dunnet, Marina Monmirel, Loris Reynaert.
Création sonore Timothée Langlois
Lumières Gaetan Lajoye
Création vidéo Ozal Emier
Scénographie et costumes Camille Vallat
Le projet a été sélectionné par la DRAC Occitanie pour une résidence de territoire à Saint-Nicolas-de-la-Grave dans le Tarn-et-Garonne.
Thomas Bouyou