<Territoires d’Outre-Vie
Soudain, une île #4

Je me suis dit, en fait, décoincer les nuages, débarbouiller le ciel de ses sbires toxiques. S’arracher. Se déplacer.
Il suffit (juste) de faire un pas de côté et l’horizon se dégrafe, non ?
Il suffit (juste) de se déplacer d’un pas, par exemple d'un pas vers l'Est, de faire un pas de 229km vers l’Est et l’horizon se dégrafe. D’un coup d’un seul, comme une évidence, tu reconnais l’endroit pourtant jamais visité auparavant : la végétation, les canaux, la mer, l’étang, les pointes courtes et longues, la montagne à 360 degrés, les escaliers de pierre, tu reconnais. Le sauvage et le libre, tu reconnais. Les couleurs et la lumière, tu reconnais. Merci. Merci toi-elle-lui. Tiens, pour toi, gorgée de sourire tête-main-cœur. Gorgée de réparation d’humanité, embrassade de reliance.

Et pareil, il suffit (juste) de se déplacer d’un pas, par exemple d’un pas vers l’Ouest, de faire un pas de 229km vers l’Ouest, et l’horizon se dégrafe. D’un coup d’un seul, comme une évidence, tu reconnais la grande ville. La mega ville. Avant, y’a quelques heures à peine, 4 décennies tout au plus, le temps de 2 ou 3 générations, le temps d’un brin d’éternité, la grande ville c’était un village de terres et de jardins, de paysans et d’ouvriers, d’artisans et de couturières maintenant c’est un mélimélo de bâtis et de voies rapides, de téléphériques et de zones périphériques, de cœurs de villes superbement pavés et de centres commerciaux péri urbains sur-actifs, angoissants ou rassurants.

Image Myriam  Mihindou

Anne Lefèvre
12.04.2025