Et si on activait le vivant là où on est, chacun qui on est, à partir de qui on est ?
Et si on activait nos rêves d’îlots et d’archipels à forte promesse d’éclate ?
Et si on re-dessinait un mouton amoureux de la rose ?
Et si on libérait la fille de son devoir envers la mère ?
Et si on libérait le fils de son obligation à dupliquer le père ?
Et si je rendais mon père à ses rêves de musique. Il part sur les routes de l’Italie, son accordéon sanglé au corps, voix devant, il fait danser les villageois.e.s, les guide dans des chants à quatre voix, apaise enfin les meurtrissures de son enfance malmenée, revit, vit.
Et si on ouvrait les barreaux de la cage à coups de poèmes et de chansons ?
On cautérise nos drames aux feux de la Saint Jean ?
On remet la danse et les chants au cœur de nos soirées ?
Tu apportes des châtaignes, j’apporte du vin blanc. Tu me montres tes derniers dessins ? Tu as fini de carreler la salle de bain ? Tu as pu te faire soigner les dents ? Ta mère a pardonné à ton père ? Tu continues à apprendre à tailler la pierre avec le vieux maçon ?
Et si en ce monde bourré à craquer d’artifices-poisons, on détendait nos croyances ?
Image Myriam Mihindou